L’avant-projet de la Loi de finances complémentaire 2021 note une hausse du budget de fonctionnement de plus de 350 milliards de dinars supplémentaires et de 179 milliards de dinars pour le budget d’équipement. Sollicité pour apporter davantage d’éclaircissements, le Pr. Brahim Gunedouzi, économiste, précise, d’abord, que « l’augmentation du budget de fonctionnement vise surtout un meilleur rendement des structures sanitaires face à la pandémie et aux risques de mutations du coronavirus ainsi que la prise en charge de la vaccination des citoyens ».
La hausse du budget d’équipement, quant à elle, « est destinée à la relance de l’investissement public dans certains secteurs ayant un impact stratégique comme l’hydraulique, l’agriculture ou les plans communaux de développement ». Dans sa lecture, l’économiste souligne que la LFC s’inscrit dans l’esprit de la loi votée initialement en vue d’apporter les ajustements nécessaires par rapport à l’évolution de la situation économique du pays. « Les effets de la crise sanitaire sur le plan des finances publiques, que ce soit en termes de dépenses ou de recettes, nécessitent un suivi attentif et régulier de la part des pouvoirs publics », explique-t-il. Aussi, le texte prévoit une amélioration de la prévision de la croissance économique de 3,98% initialement à 4,21%, tout en gardant le même cadrage macroéconomique, à savoir le prix de référence du baril de pétrole à 40$ et le taux de change moyen à 142 dinars par dollar. Dans ce registre, le Pr. Gunedouzi affirme que « cela présuppose une relance de l’activité économique plus importante eu égard à la contraction du PIB subie en 2020. Ceci est d’autant plus optimiste avec un marché pétrolier international sur une tendance haussière que l’on espère durable dans le temps ». Notons, en effet, que la loi budgétaire complémentaire de l’actuel exercice, dans son article 31, prévoit une suppression de l’effet rétroactif des dispositions de l’article 139, relatives à l’obligation de respecter la règle des 49-51% pour l’exercice de l’activité d’importation de matières premières, produits et marchandises destinés à la revente en l’état par des sociétés commerciales comprenant un ou plusieurs partenaires étrangers, avec la nécessité de se conformer à cette procédure avant le 30 juin 2021.
Dans une autre optique, l’économiste relève l’effort financier consenti au profit d’organismes publics comme l’OAIC et l’Onil, leur permettant de compenser les manques à gagner subis tant sur la hausse constatée des cours mondiaux de biens alimentaires que des pertes de change avec la dépréciation de la valeur du dinar par rapport au dollar et à l’euro. « La préoccupation étant de maintenir le pouvoir d’achat du citoyen tout en cherchant pour les mois à venir à améliorer le système des subventions en faveur essentiellement des couches sociales défavorisées », argumente-t-il. Par ailleurs, le Pr. Guendouzi indique que « la contrainte du financement du déficit budgétaire se pose avec acuité car le risque de détérioration des équilibres macroéconomiques est réel, ce qui impacterait à moyen terme l’incitation à l’investissement ».
Dans l’avant-projet de la même Loi complémentaire, il est proposé également de séparer les procédures et les mesures liées aux opérations de dédouanement pour les voitures d’occasion de moins de trois ans et d’élargir l’avantage de la réduction de 75% de la taxe sur l’activité professionnelle aux opérateurs spécialisés dans l’installation de kits de gaz de propane liquéfié et de carburant Sirghaz. S’y ajoutent la suppression de la double imposition des produits de la finance islamique et une hausse d’une taxe additionnelle pour la production des produits de tabac pour atteindre les 32 DA pour un paquet de tabac au lieu des 22 DA actuels.