En tant que première femme et première Africaine à ce poste, la Nigériane Dr Ngozi Okonjo-Iweala est entrée en fonction au poste de Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) le 1er mars 2021. Il s’avère que l’OMC est passée à l’heure africaine. De grandes attentes reposent, désormais, sur les épaules d’Okonjo-Iweala, avec l’espoir qu’elle défendra les intérêts du continent. Néanmoins, la réalisation d’un tel programme à l’OMC demandera un leadership fort de la part des pays africains plutôt que d’une directrice générale africaine.
Cet organe s'efforce d'établir des règles pour orienter les échanges entre ses 164 membres et résoudre les litiges de manière équitable. 44 de ses membres sont des pays africains. 9 autres pays africains disposent d’un statut d’observateur et certains négocient actuellement leur adhésion à l’Organisation, à l’image de l’Algérie.
Un grand retard dans le processus d’adhésion de l’Algérie à l’OMC
«En 1987, l’Algérie a manifesté sa volonté d’intégrer le système du commerce multilatéral qu’incarnait l’Accord général sur les tarifs et le commerce (GATT) et, à partir de 1995, par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Groupe de travail de l’accession de l’Algérie au GATT a été institué le 17 juin 1987. En 1995, ce Groupe de travail du GATT a été transformé en Groupe de travail de l’OMC chargé de l’accession de l’Algérie. Il a tenu sa première réunion en avril 1998. Mais depuis cette date, l’Algérie a traîné la patte dans la préparation du dossier d'adhésion à l’OMC en se justifiant par des argumentations liées à des options stratégiques et non pas bureaucratiques, notamment en matière d’encouragement des exportations nationales et la protection du produit local, entre autres. L’autre raison non avouée par les responsables du dossier est vraisemblablement la restriction du « champ des possibles » en matière de politique économique et de stratégie de développement, notamment en termes d’outils d’appui sectoriel dans le cadre de la stratégie industrielle. Ceci est l’aspect sans doute le plus négatif d’une adhésion à l’OMC dans la mesure où l’Etat a un grand rôle à jouer dans l’accélération de notre développement économique.
L’adhésion à l’OMC le priverait d’instruments clés pour intervenir dans l’économie. Ainsi, notre pays a accusé un retard qui d’ailleurs n’est pas à son avantage. Au contraire, accéder à l’OMC pour l’Algérie est synonyme de plusieurs privilèges de différentes natures comme, par exemple, la gestion des conflits quant à l’accès aux marchés d’exportation grâce au recours et à l’usage de la procédure de règlement des différends pour les conflits commerciaux internationaux, car cette procédure est réservée exclusivement aux membres du système commercial multilatéral ou bien concernant la compétitivité commerciale avec surtout l’amélioration des conditions de l’insertion internationale à travers une plus grande rationalisation productive et une meilleure exploitation des avantages comparatifs réels mais surtout potentiels qu’un pays comme l’Algérie est amené à construire.
L’Algérie va-t-elle frapper à la porte de l’OMC
Pour bon nombre d’observateurs, notre pays n’est pas encore prêt, techniquement parlant, pour prétendre au quitus d’entrée à l’Organisation. Selon certaines sources proches du dossier, il reste encore au moins une vingtaine d’engagements auxquels l’Algérie devra souscrire pour être acceptée comme membre à part entière de l’OMC. Si l’on se réfère aux conditions d'accession à l’OMC, on s’aperçoit que les modalités comportent des engagements concernant le respect des règles et disciplines de l'OMC après l'accession et les périodes de transition requises pour apporter les modifications législatives ou structurelles nécessaires à la mise en œuvre de ces engagements.
S’agissant de notre pays, il se trouve que le principal obstacle que l’Algérie n’a pas encore franchi ou ne veut pas dépasser réside précisément dans son refus d’accomplir cet effort de modernisation et de mise à niveau de son appareil de production et de son management global. C’est précisément de ce refus de modernisation et d’universalisation des règles de gestion que découlent ses dérisoires performances en matière d’exportations. Cela étant, on peut croire que les choses vont changer à l’avenir. Récemment, le groupe d’experts chargé du dossier de l’OMC a participé sous la présidence du ministre du Commerce à une réunion de travail dans le cadre des préparatifs de la 12e réunion ministérielle virtuelle de l’OMC, prévue du 30 novembre au 3 décembre prochains à Genève.
Le ministre avait affirmé que notre pays allait de l’avant vers l’accession, selon des démarches, précise-t-il, « bien étudiées », soulignant que cette instance offrait de meilleures opportunités pour la relance de l’économie nationale, a indiqué un communiqué du département ministériel. L’objectif est de relancer l’économie nationale à travers l’initiation d’une série de réformes profondes à même de promouvoir le commerce extérieur et l’intégration dans la chaîne de valeurs régionale et mondiale.
Qui plus est, le ministre a évoqué à cette occasion les réformes engagées par le gouvernement dans ce sens, dont la révision de la règle 49-51 régissant l’investissement étranger en Algérie, maintenue pour certains secteurs stratégiques, et ses répercussions positives sur l’attractivité des investissements directs étrangers (IDE) et l’augmentation du volume des échanges commerciaux. Peut-être que l’année 2022 sera l’année de l’entrée officielle de l’Algérie à l’OMC.