Face à l’incertitude sur l’évolution des paramètres économiques et financiers de l’économie nationale, le gouvernement compte reconduire son plan de « rigueur et de prudence » dans l’engagement budgétaire. Lors de la réunion du Conseil des ministres qui a eu lieu début du mois courant, le Premier ministre, également ministre des Finances, a posé sur la table l’avant-Projet de loi de finances 2022.
L’avant-Projet de loi est axé essentiellement sur la relance économique, l’emploi et la justice sociale. Il s’agit, donc, pour le gouvernement de continuer dans l’effort de consolidation des équilibres budgétaires fortement impactés par les mesures préventives de la pandémie, mais aussi la préparation du terrain pour la mise en application de la réforme de la gouvernance budgétaire début 2023, qui impose la maîtrise du rythme et du niveau de la dépense, la rationalisation des moyens et une utilisation optimale des ressources potentielles disponibles.
Dans le nouvel avant-Projet de loi en question, il n’existe aucune trace de mesure d’exemption ou de diminution des taux d’imposition ou de la base imposable, ce qui laisse entendre que le gouvernement compte encore reconduire pour l’année prochaine la liste des produits interdits à l’importation pour les opérateurs économiques, notamment ceux activant dans la fabrication et le montage des produits de l’électroménager et de l’électronique ou encore ceux de l’industrie du montage automobile. Pour renflouer les caisses de l’Etat, le gouvernement fixe, dans l’avant-Projet en question, la priorité de l’élargissement de l’assiette fiscale soutenue par des opérations de recensement de la population fiscale, d’une part, et des mesures d’incitation fiscale à l’adhésion progressive du marché informel, d’autre part, pour capter l’argent de l’informel.
Pour ce qui est des projets de développement, le gouvernement juge que les besoins croissants de la population en matière de développement ne pourront être pris que dans la limite de la disponibilité financière attendue pour cette année. Ce qui laisse dire que le gel des projets de réalisation sera encore reconduit l’année prochaine et que de nombreux dossiers de projets de développement ne seront pas dépoussiérés.
Pour ce qui est du volet social, il est question de la suppression de l’impôt sur le revenu global pour certaines catégories de travailleurs et sa réduction pour les autres. Une manière selon laquelle le gouvernement tente de préserver le pouvoir d’achat des citoyens et de faire face à l’inflation galopante. Outre la dévaluation de la monnaie nationale de 5% pour la deuxième année consécutive, le gouvernement envisage également la réduction du champ d’intervention de l’Etat, notamment dans certaines entreprises publiques menacées de faillite. Une démarche qui fera gagner des sommes importantes au Trésor public qui s’est retrouvé dans une situation moins confortable en raison de son engagement à couvrir les dettes des entreprises en question sans apporter un prévalu à l’économie nationale.
Globalement, l’avant-Projet de loi de finances montre que le gouvernement adopte une démarche d’optimisation et de rigueur inhérente à la conjoncture exceptionnelle qui prévaut depuis le premier trimestre de l’année 2020 et qui continue de peser lourdement sur le Trésor public. En dépit de la hausse des prix du pétrole sur le marché international, le gouvernement n’a pas jugé nécessaire de revoir à la hausse le budget de l’année prochaine fixé à 8.000 milliards de dinars. Il insiste également sur la maîtrise des dépenses du budget de fonctionnement plafonné à 5,359 milliards de dinars pour l’exercice 2022.
Enfin, l’avant-Projet de loi de finances démontre clairement que le gouvernement est dans une démarche prudente, en raison de l’instabilité du marché pétrolier, pour parer le risque que pourrait encourir le pays en cas d’une nouvelle chute du prix du baril sur le marché international.