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Sonatrach : un patrimoine algérien par excellence !

Sonatrach : un patrimoine algérien par excellence !

Rédigé par K. B. / Energie / lundi, 15 février 2021 07:49

Fierté. Surnommée la Major africaine, l’Entreprise nationale des hydrocarbures Sonatrach n’est pas une entreprise comme les autres. De par son caractère citoyen, elle fait partie de l’imaginaire collectif algérien.

Au-delà de son rôle de locomotive du secteur de l’Energie, son existence a rythmé la vie économique nationale, à laquelle elle a donné naissance, en quelque sorte. De l’euphorie des débuts et les années d’apprentissage jusqu’à l’âge de maturité, retour sur une histoire riche et un parcours haut en couleur pour le premier Groupe pétrolier africain à travers quelques dates marquantes !

Sonatrach est classée 12e parmi les compagnies pétrolières mondiales, 2e exportateur de GNL et de GPL et 3e exportateur de gaz naturel. Sa production globale (tous produits confondus) est de 230 millions de TEP en 2006. Ses activités constituent environ 30% du PIB national.

31 décembre 1963 :

Sonatrach se révèle au grand jour

Sonatrach est créée au sortir de la Guerre de libération, qui a vu triompher l’Armée de libération nationale (ALN) face à l’Armée française, au moment où l’or noir entame son âge d’or. L’Algérie, qui a soif de développement, veut prospérer rapidement dans tous les domaines et rattraper son retard. La souveraineté de l’Algérie sur le Sahara et ses richesses naturelles est reconnue par des accords de concessions de 1965, qui stipulent que les sociétés françaises Elf et Total doivent reverser une partie de leurs bénéfices à l’Algérie sous forme d’investissements ou d’impôts.

Conscients du potentiel que recèle le sous-sol algérien en hydrocarbures, les dirigeants algériens veulent aller de l’avant et s’empressent de mettre sur pied une entreprise nationale dont le rôle sera de valoriser ses richesses naturelles. La Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures, Sonatrach, est née avec pour objectif principal le transport et la commercialisation des hydrocarbures et le déploiement progressif dans les autres segments de l'activité pétrolière.

1964 :

L’année du grand démarrage !

Le premier gazoduc algérien OZ1 est construit. Il sera mis en service en 1966. D'une longueur de 805 km, il relie Haoudh El Hamra à Arzew. La grande aventure de Sonatrach débutera avec le gaz et la mise en service du premier complexe de liquéfaction de gaz naturel GL4Z Compagnie algérienne du méthane liquéfié (Camel), d'une capacité de traitement de 1,8 milliard m3 de gaz par an.

OZ1 permet d’emblée d'augmenter les capacités de production et d'acheminement des hydrocarbures de près de 30%. Les missions de la Sonatrach, limitées à la gestion des pipelines et à la commercialisation, sont élargies à la recherche, à la production et à la transformation des hydrocarbures. Sonatrach devient la Société nationale de recherche, production, transport, transformation et commercialisation des hydrocarbures et de leurs dérivés.

1967 :

Découverte du pétrole à Hassi Messaoud

Une année durant laquelle l’Algérie découvrira du pétrole à Hassi Messaoud, qui deviendra par la suite la capitale nationale de l’or noir, plus précisément à El Borma. C’est également l’année où sera lancé, sous la direction de Sid Ahmed Ghozali, un processus de nationalisation des activités de raffinage et de distribution, au terme duquel Sonatrach est à la tête de la distribution des produits pétroliers sur le marché national et inaugure la première station-service aux couleurs de l’entreprise. Le future Groupe prévoit par la suite la création d’un certain nombre d’activités de diversification et de services, comme la réalisation d’une usine d’ammoniac et prévoit la construction d'un complexe de produits pétrochimiques à Skikda - qui sera mis en service en 1972 - et l'aménagement d'un port méthanier.

1968 :

Du gaz à Gassi El Adem !

Sonatrach poursuit ses activités de prospection et découvre du gaz à Gassi El Adem, au sud-est de Hassi Messaoud, tandis que le gazoduc Hassi R’Mel-Skikda sonne les grands débuts de l’acheminement des hydrocarbures gazeux à partir du gazoduc de Hassi R’Mel.

24 février 1971 :

Une date charnière, un jour mémorable !

De l’avis de plusieurs hommes qui ont fait l’histoire de Sonatrach, le 24 février 1971 est une date qui restera gravée dans le marbre ! Souvent accompagnée d’émotion, la simple évocation de ce jour renvoie à ces quelques mots prononcés par feu Houari Boumediène : « Il serait plus équitable pour les investissements dans la recherche pétrolière que les profits réalisés dans notre pays soient au moins dépensés sur place ! »

En effet, suite au refus des compagnies françaises de renégocier les prix, une décision déjà amorcée voit le jour : les hydrocarbures sont nationalisés ! L’on parle alors de « décolonisation pétrolifère », selon l’historien français Benjamin Stora.

À compter de cette date, l’ensemble des gisements naturels de gaz et de pétrole, tout comme les oléoducs et les gazoducs, sont nationalisés et appartiennent intégralement à l’Algérie et, par ricochet, à Sonatrach qui entre dans une nouvelle dimension. L’État algérien abandonne le système des concessions et les objectifs du Groupe portent alors sur l'extension de toutes ses activités à l'ensemble des installations gazières et pétrolières et l'atteinte de la maîtrise de toute la chaîne des hydrocarbures. 1971 sera également l’année de l’acquisition du premier méthanier qui portera le nom du gisement de Hassi R’Mel.

1972-1976 :

Des projets d’envergure mis en exploitation

Quatre années durant lesquelles de multiples projets entreront en exploitation, à commencer par la mise en service, en 1972, du complexe de liquéfaction de gaz naturel GL1K à Skikda, suivie de celle du complexe de séparation du GPL GP2Z, à Oran (Béthioua), en 1973, année du premier choc pétrolier. En 1976, Sonatrach lancera deux unités de transformation des matières plastiques à Sétif et Chlef.

1977 :

L’année des gros investissements

Une année importante en matière d’investissement, car elle connaîtra le lancement du projet Valhyd (valorisation des hydrocarbures), aux objectifs stratégiques multiples : l’accroissement des taux de production de pétrole et de gaz, la récupération des gaz associés au pétrole, la production maximale de GPL et de condensat, la commercialisation du gaz naturel, la substitution de produits finis au brut à l'exportation et la satisfaction des besoins du marché national en produits raffinés.

Entre 1978 et 1981, auront lieu, en plein choc pétrolier numéro 2, les mises en service respectives des modules 1 et 2 de Hassi R’Mel et du complexe de liquéfaction GL2Z.

1990-1996 :

Internationalisation des activités transfrontalières

Sonatrach internationalise ses activités transfrontalières avec le lancement du Pedro-Duran-Farell, un gazoduc Maghreb-Europe, qui prend sa source au gisement de Hassi R’Mel pour rejoindre l’Espagne, en passant par le Maroc et le détroit de Gibraltar. Selon EMPL (Europe Maghreb Pipline Limited), ce tronçon permet d’acheminer en moyenne 30% du gaz naturel consommé dans la péninsule ibérique. En outre, le gazoduc achemine du gaz pour la production électrique de deux centrales à gaz à cycle combiné au Maroc, qui genèrent 17% de la production d’électricité du pays.

1997 :

Abdelmadjid Attar devient le premier P.-dg de Sonatrach

Au moment où le regretté Nazim Zouiouèche cède sa place à l’actuel ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, à la tête de Sonatrach, c’est l’année de la restructuration, avec un nouveau statut qui consacre le Board, à travers la création du poste de président-directeur général (P.-dg) et un conseil d’administration formé de onze membres.

Les années 2000 :

Une conjoncture difficile

Au-delà d’une conjoncture marquée par un 3e choc pétrolier engendré par la crise financière des subprimes en 2007-2008, les années 2000-2020 auront été celles des hauts et des bas pour Sonatrach. Avant 2000, les contrats étaient négociés, ce qui nécessitait de longs délais. Au commencement du nouveau millénaire, le processus d'appel d'offres a permis d'augmenter le nombre de contrats et de les conclure dans des délais plus courts.

En 2005 la production a atteint les 232,3 millions de TEP, dont 11,7 % (24 millions de TEP) pour le marché intérieur. En 2009, le chiffre d'affaires de Sonatrach s'élève à 77 milliards de dollars, porté par la hausse du prix du baril de pétrole. Cette tendance se poursuivra durant l’année 2010, durant laquelle le groupe réalisera un bénéfice net de 9,5 milliards de dollars, en hausse de 284% par rapport à l’année précédente.

En 2014, année qui précédera celle du drame de Tinguentourine, 32 découvertes ont été mises en évidence avec un volume global de réserves prouvées et probables estimé à 381 millions de TEP. Ces découvertes sont constituées de gisements de gaz sec, d’huile, de gaz à condensat et d’huile/gaz. Par ailleurs, pas moins de 111 puits ont été forés, dont 101 en effort propre et 10 en association.

En 2016, la valeur, des exportations a atteint 27,9 milliards de dollars, soit un déclin de 5,2 milliards $, en raison de la chute des cours sur le marché international. Cette année-là, Sonatrach a misé sur le renforcement des réseaux de transport et de distribution de l’électricité et du gaz naturel. Ces développements ont eu un impact positif sur la qualité de service, qui a connu une réelle amélioration. Mais outre les fluctuations d’ordre macroéconomique et les agrégats en dents de scie, les années 2000 ont également connu la grande valse de patrons chez Sonatrach. Pas moins de 11 P.-dg se succèdent à la tête du Groupe en 10 ans, soit le double de ce que le Groupe a connu entre 1962 et 2000.

2020-2021

Sonatrach : cap sur la sécurité énergétique

« N'entre pas docilement dans cette douce nuit, le vieil âge doit gronder, tempêter au déclin du jour. » Ces mots de l'écrivain gallois Dylan Thomas résument bien la situation du secteur des hydrocarbures, en proie à des mutations systémiques majeures, à l'ère nouvelle du numérique et de l'intelligence artificielle, des EnRs et de la concurrence. Le décor est, donc, planté et Sonatrach entend prendre le taureau par les cornes.

En 2020, la Covid-19 a remis les pendules à l'heure en matière de prix du pétrole. Alors que les cours sont au plus bas, le Groupe pétrolier a misé sur le renforcement de sa compétitivité à travers la réduction des coûts et l'optimisation de ses dépenses. Le projet COST (Cost Optimization System Tracking) voit le jour ! Il permet un repositionnement stratégique en matière de dépense et d'investissement.

Par ailleurs, Sonatrach compte exploiter la situation particulière induite par la crise sanitaire pour examiner et concrétiser de nouveaux projets en collaboration avec les sociétés intéressées par l'investissement en Algérie. Le P.-dg Toufik Hakkar a annoncé une série de « négociations avancées » avec plusieurs sociétés, les qualifiant de fruit de la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui vient renforcer l'attractivité du secteur des hydrocarbures.

S'agissant de l'exportation du gaz, Sonatrach s'est efforcée en  permanence à obtenir une valeur équitable à ses exportations de gaz naturel, indépendamment de la destination de ses ventes, tout en prenant en considération les exigences du marché, connaissant une pression permanente sur les prix pour les réduire, notamment après l'entrée de nouveaux fournisseurs avec de grandes capacités de production, comme les Etats-Unis et la Russie. En effet, et à la suite de quelques « turbulences » de marché, Sonatrach a permis à l'Algérie de conforter sa position de premier fournisseur de gaz pour l'Espagne et deuxième pour l'Italie.

Enfin, et afin de garantir et d'améliorer ses recettes, Sonatrach a adopté une nouvelle stratégie consistant à adapter les délais des contrats où il sera procédé à la transition aux contrats à moyen terme pour s'adapter aux nouvelles données du marché du gaz. Il s'agit également de la diversification des clients à travers l'exploitation optimale des structures du gaz naturel liquéfié qui est transféré en Asie pour obtenir les meilleurs prix, au moment où la demande sur le gaz via les pipelines vers l'Europe connaît une stagnation.

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