Après d’importantes baisses du coût moyen du baril en 2020, le cours du pétrole repart à la hausse. Le prix du baril de Brent a franchi brièvement, début mars, la barre des 70 dollars après avoir atteint des niveaux très bas pendant la crise sanitaire. Pour grand nombre d’analystes, cette remontée trouve son explication dans les efforts réalisés par les producteurs de pétrole à l’échelle internationale afin de limiter la production suite à la chute vertigineuse de la demande chinoise, puis mondiale, dans le sillage de la propagation du coronavirus au début de l’année 2020.
En effet, l’Opep et ses alliés se sont mis d’accord jeudi 1er avril, lors de la 15e réunion ministérielle des pays de l'Opep et non-Opep (Opep+), pour alléger progressivement les mesures d’encadrement de leur production à compter du mois de mai, une décision qui coïncide avec l’appel lancé par les Etats-Unis auprès de l’Arabie saoudite pour que les prix de l’énergie demeurent abordables.
La réunion, dans un communiqué rendu public vendredi 2 avril, a approuvé « l'ajustement des niveaux de production pour mai, juin et juillet 2021, tout en continuant à adhérer au mécanisme convenu lors de la 12e réunion ministérielle de l'Opep et non-Opep (décembre 2020) portant la tenue des réunions ministérielles mensuelles afin d'évaluer les conditions du marché et décider des ajustements du niveau de production pour le mois suivant ; chaque ajustement ne dépassant pas les 0,5 million de barils par jour (Mbj) ».
Les ministres, ajoute le communiqué, ont accepté la demande de plusieurs pays qui n'ont pas encore achevé leur compensation d'une prolongation jusqu'à fin septembre 2021. Et les pays participants ayant des volumes surproduits en suspens soumettront leurs plans de mise en oeuvre de toute compensation requise pour les volumes surproduits au Secrétariat de l'Opep avant le 15 avril 2021.
Une augmentation de 5,89 mbj prévue au 2e semestre 2021
En chiffres, l’Opep+, cite Reuters, a décidé de réduire l’ampleur de la baisse de sa production de 350.000 barils par jour en mai, de 350.000 bpj en juin et de 400.000 bpj le mois suivant. Depuis l’année dernière, cette alliance a réduit ses pompages de près de sept millions barils par jour (bpj) pour soutenir les cours. A ce sujet, Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Energie, souligne que les rapports élaborés par le comité technique sur la situation du marché pétrolier ont démontré la présence d'indicateurs positifs concernant la stabilité du marché mondial mais ont également relevé une certaine incertitude au niveau des marchés pétroliers, notamment après la propagation rapide de variants du coronavirus dans le monde, induisant ainsi la fermeture de davantage de pays consommateurs, ce qui impacte la demande et les cours.
Notons que le rapport mensuel de l’Opep souligne que le rebond de la demande mondiale de pétrole devrait se concentrer sur le deuxième semestre de 2021, prévoyant une augmentation de 5,89 millions de barils par jour (mbj) cette année pour atteindre au total 96,3 mbj. Toutefois, nuance le rapport, « la croissance de la demande de cette année ne sera pas en mesure de compenser le déficit majeur de 2020, car la mobilité devrait rester réduite tout au long de 2021 ».
Commentant cette situation, Carole Nakhlé, fondatrice et P.-dg de Crystol Energy, estime que la pression à la hausse sur les prix a été maintenue car « l’Opep+ a retardé les augmentations de production convenues précédemment ». Selon elle, les perspectives économiques mondiales « se sont également considérablement améliorées par rapport à l’année dernière, en particulier avec le déploiement de la vaccination, ce qui a stimulé la demande de pétrole ».
D’autres facteurs expliquent cette tendance haussière des prix de l’or noir. Il est, entre autres, question de la tempête de froid au Texas en février, qui a fait chuter la production américaine de pétrole de schiste de 10%, ainsi que de la reprise rapide de l’économie chinoise. Aussi, un autre facteur vient s’ajouter à la liste, il s’agit du blocage du canal de Suez par le porte-containers Ever-Given depuis le 22 mars, ce qui a contribué à une forte hausse des prix (+6% le 24 mars dernier).