Cependant, la Compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, a su tirer son épingle du jeu après une année 2020 sacrifiée en tribut sur l’autel de la pandémie de coronavirus. Le Groupe énergétique a su redresser la barre grâce à une stratégie ad hoc qui a donné ses fruits. Renforcée par un bilan positif en 2021, Sonatrach envisage, désormais, réaliser de nouveaux investissements à hauteur de 40 milliards de dollars avec en ligne de mire, la mise en place d’une politique de promotion du contenu local et de l’intégration nationale.
Penser local et viser international
Il s’agit du nouveau credo de la Compagnie pétrolière et gazière, à savoir « contribuer au renforcement des capacités nationales de production de biens et services et à la modernisation de la chaîne d’approvisionnement locale pour répondre efficacement aux besoins des moyen et long termes ». Derrière cette littérature se cache une stratégie, celle d’assumer le rôle de locomotive de l’économie nationale en se mettant au service des entreprises locales et ce, conformément aux orientations des pouvoirs publics visant la relance économique et industrielle.
Il s’agit, par ailleurs, de contribuer à l’amélioration du taux d’intégration de l’économie nationale afin de réduire la dépendance du secteur industriel aux matières premières et intrants importés d’autres cieux, notamment en ce qui concerne le segment Oil & Gas, afin de gagner en souveraineté industrielle, socle inamovible de toute économie qui se respecte. Une vision amorcée dès l’année 2020 via le projet Cost qui, semble-t-il, a déjà donné ses fruits. Selon le P.-dg de Sonatrach, Toufik Hakkar, la Compagnie a réussi à maîtriser ses dépenses, ce qui a eu pour effet d’équilibrer l’actif et le passif du bilan 2021.
Favoriser l’émergence d’un écosystème national de compétitivité
La nouvelle feuille de route de Sonatrach, qui se décline en une série d’orientations, vise l’amélioration du rendement de l’outil industriel national ainsi que la compétitivité du produit local, dont les caractéristiques principales n’obéissent pas toujours aux normes internationales. Pour ce faire, le groupe algérien entend encourager l’émergence de nouvelles entreprises algériennes fondées sur l’innovation, la compétitivité, la qualité et le savoir. Une tâche qui nécessite, toutefois, le concours d’autres partenaires intervenant en amont de la chaîne de valeurs, à savoir les universités et autres instituts de formation, afin de fédérer les efforts autour d’un objectif commun. Car dans un monde tourné vers l’intelligence artificielle, la promotion de la recherche et développement est une condition sine qua non pour atteindre un degré de maîtrise technologique appréciable dans ses différentes activités liées à la chaîne des hydrocarbures.
La stratégie de Sonatrach se décline en une série de mesures concrètes, ayant pour fer de lance l’intégration dans sa procédure de passation des contrats des modalités, imposant à ses structures opérationnelles et fonctionnelles de recourir, en priorité, au contenu local, lorsqu’il est en mesure de répondre aux besoins, ainsi que le renforcement des dispositions réglementaires de la Compagnie relatives à la promotion du contenu local et à l’intégration nationale.
D’autre part, Sonatrach prévoit d’adapter la stratégie contractuelle pour favoriser le recours, en priorité, à l’outil national de production et d’exiger des cocontractants étrangers le recours à la sous-traitance locale dans la mesure de sa disponibilité et de sa qualification. Il s’agira également d’accompagner les entreprises algériennes pour la fabrication de biens et la réalisation de projets susceptibles de constituer une alternative à l’importation, y compris en matière de certification et de normalisation internationales.
Le volet technologique s’appuiera, notamment, sur l’apport des PME/TPE, mais surtout des start-up, avec qui il faudra travailler, à travers des campagnes de communication, sur les besoins et les opportunités d’affaires offertes dans les plans procurement de la Compagnie. Par ailleurs, l’encouragement des partenariats entre les entreprises algériennes publiques et privées mis en place dans un cadre organisé s’inscrit également dans la stratégie de Sonatrach afin de rehausser la compétitivité et de fédérer leurs capacités de réalisation.
La concrétisation des engagements de Sonatrach s’inscrit dans une démarche progressive, touchant principalement et prioritairement les axes suivants : aL’établissement des plans de contenu local, à travers l’implication de tous les opérateurs économiques (cocontractants, cotraitants et soustraitants), structures et filiales, dans la démarche intellectuelle, permettant de considérer le contenu local comme un élément important et primordial dans le développement de leurs projets et leur management (le procurement étant un des domaines clés du project management).
- L’application du principe de la préférence nationale économique, en donnant la priorité aux entreprises locales. Les projets complexes doivent être étudiés et dimensionnés de manière à faciliter l’accès des entreprises algériennes en qualité de sous-traitants, d’attributaires de lots ou de cotraitants. Les marchés de fourniture de biens et services doivent être attractifs pour les entreprises algériennes, notamment les PME et les TPE.
L’allotissement doit être privilégié autant que possible pour permettre la participation des entreprises algériennes.
- La fourniture locale de biens et services, lorsqu’ils répondent aux standards de qualité et de HSE, exigés par la profession. Les dossiers d’appels d’offres devront, à ce titre, intégrer, en plus des critères techniques, d’autres critères ayant trait à la promotion du contenu local et à l’intégration nationale, notamment ceux liés à l’origine algérienne du produit.
- Aller plein cap vers la transition technologique et ce, via la préparation et l’implémentation d’un plan de maîtrise technologique au profit des employés algériens, mais également à travers la mise en place des interfaces techniques nécessaires pour les besoins y afférents. Dans ce sillage, les start-up activant dans le domaine des énergies nouvelles, l'innovation et la production d'équipements et de composants utilisés, conformément aux domaines que Sonatrach souhaite développer (la capture et la séquestration du carbone –CSC–, la production et le transport de l'hydrogène bleu et vert, le solaire), feront l’objet d’un accompagnement particulier.
- Le développement d’un tissu économique local, à travers l’organisation de séminaires et de workshops au profit de ces entreprises afin de contribuer à leur mise à niveau par rapport aux standards et normes internationaux, ouvrant les portes du segment Oil & Gas. Sonatrach et ses filiales s’engagent, également, à accompagner les entreprises algériennes dans la réalisation de leurs projets de modernisation et d’innovation en relation avec leurs activités.