Depuis l’avènement de l’épidémie de Covid- 19, un nouveau genre de pollution au plastique a fait son apparition dans le paysage de nos villes et villages, volant la vedette au phénomène des sachets noirs qui, au demeurant, fait toujours parler de lui malgré les maintes tentatives menées par les pouvoirs publics pour son éradication du circuit commercial. Il s’agit, bien évidemment, des bavettes ou masques, des gants et parfois des lingettes ou encore des déchets d’activités de soins à risque infectieux (Dasri) qui sont très dangereux pour le commun des mortels dans le cas de leur mauvais traitement.
Si la prise en charge des Dasri est plus ou moins assurée par des organismes spécialisés, il n’en est pas de même s’agissant des bavettes et, à un degré moindre, des gants et des lingettes qui, malheureusement, font l’objet d’une grande inquiétude de la part de la population. Aussi, une enquête menée par l’Agence nationale des déchets auprès d’une installation de traitement agréée a fait ressortir que durant le mois de mars, la quantité réceptionnée a augmenté d’une tonne par rapport aux mois précédents, et l’activité de collecte est devenue quotidienne, alors qu’en temps normal, elle se fait une à deux fois par semaine. Autant dire que le volume des Dasri sera continuellement revu à la hausse quand bien même l’évolution de la situation est de plus en plus maîtrisée. Présentement, pour l’agence, l’urgence est de faire en sorte que tous les déchets issus des mesures de lutte contre la propagation du coronavirus soient suivies dans leur cheminement depuis leur sortie des ateliers de fabrication jusqu’à leur destruction ou incinération totale.
Le citoyen, le premier rempart dans la déperdition des bavettes et gants
Nous ne le répéterons jamais assez, la prise de conscience du citoyen lambda en ces circonstances exceptionnelles reste le premier rempart contre la menace d’une pollution aggravée, conjuguée à un risque de dissémination dans l’air du virus suite à la déperdition dans les espaces publics des bavettes utilisées. Aussi, les spécialistes de la prévention sanitaire sont unanimes à dire que jeter n’importe comment et n’importe où les masques usagés est un acte de manque de civisme avant d’être condamnable et, donc, il est fortement déconseillé de prendre à la légère l’acte de se débarrasser de son masque.
En effet, selon une étude parue dans The Lancet début avril, des traces du SARS-CoV-2 pourraient être détectées pendant au moins sept jours sur la surface extérieure d’un masque de protection et jusqu’à quatre jours sur sa surface intérieure. Outre les agents de nettoyage et les éboueurs, nous sommes tous exposés à ce risque commun, puisque l’éventualité de contracter le virus est présente à chaque fois que l’on croise sur notre chemin tous ces masques qui jonchent, désormais, nos trottoirs, et même les lieux de travail ne sont pas épargnés par ce phénomène.
Il s’avère que depuis le commencement de la crise sanitaire, les masques sont au centre d’une préoccupation de la part des autorités sanitaires du pays. La première difficulté qui a d’ailleurs pris de court les autorités sanitaires était le manque de bavettes. Fort heureusement, beaucoup d’initiatives ont été prises par les décideurs et la société civile à l’effet de dynamiser sa production pour couvrir les besoins de la population, et sous l’impulsion du ministère de l’Industrie, certains ateliers artisanaux et entreprises se sont reconvertis pour produire des bavettes en quantités industrielles. Sauf que le revers de la médaille de cette superproduction est que le nombre de masques protecteurs jetés à même le sol a considérablement augmenté ces dernières semaines.
L’on se demande pourquoi l’Etat ne durcit pas les sanctions contre tous ceux qui se débarrassent de leurs masques sans se soucier des conséquences que cela pourrait entraîner suite à ce geste pour le moins très déplorable. Au lieu de concourir à l’aggravation de la crise environnementale, soyons responsables, en suivant des consignes simples et de bon sens qui, en fin de compte, sont très utiles pour la préservation de notre santé et de la nature. Le moins que l’on puisse faire est de mettre son masque dans un sac en plastique bien fermé avant de le jeter dans la poubelle à ordures ménagères. Idem pour les gants et lingettes. Des gestes très élémentaires mais oh combien efficaces pour le bien de tout le monde.