Vraisemblablement, s’il y a un secteur de l’économie nationale qu’il est indispensable de prendre en charge afin de le faire sortir de sa léthargie, pandémie oblige, c’est bien celui de l’industrie qui a, d’ailleurs, grand besoin d’un traitement de choc pour faire redémarrer la machine. Déjà mal-en-point bien avant l’avènement de la crise sanitaire, plusieurs activités industrielles ont accusé des chutes dans leur production, notamment la fabrication des biens intermédiaires métalliques, mécaniques et électriques, ainsi que la sidérurgie et la transformation de la fonte et l’acier. Du coup, les appels des hauts responsables de l’Etat se sont multipliés ces derniers temps dans le but de provoquer un sursaut de mobilisation des acteurs concernés par la relance économique.
Une relance de la machine industrielle basée sur une vision à long terme
Le récent message du président de la République est clair : « Notre pays est confronté aujourd'hui à des défis majeurs pour sortir de l'économie de rente et aller vers une économie diversifiée et productrice de richesse. » Pareils défis, a ajouté Tebboune, passent par la « rupture avec les anciens modes et le changement du modèle de développement économique de manière à pouvoir rattraper la marche du développement économique mondial ». Quant au ministre de l’Industrie, Mohamed Bacha, il a révélé, à Alger, que son département ministériel établira d’ici un mois une feuille de route spéciale d’urgence qui sera dédiée à la relance de la machine industrielle dans tous les secteurs. Bacha a indiqué que le développement du secteur industriel en Algérie ne se fait pas sans le développement des relations avec les organismes de production.
Pour plus d’explications relatives à cette feuille de route qui sera mise au service de tous les secteurs concernés, le premier responsable du département ministériel de l’Industrie a fait savoir que cette dernière est fondée sur trois axes majeurs, à savoir un pôle industriel, un autre de promotion des investissements et un troisième de normalisation. Cependant, préconise le ministre, « il est nécessaire de se concentrer sur la coordination entre les ministères, notamment en ce qui concerne le climat d’investissement ainsi que la diversification économique », tout en plaidant pour l’encouragement de l’exportation du produit national vers l’étranger, notamment en Afrique. Bacha a regretté le fait que d’autres pays se sont lancés après l’Algérie dans le domaine de la production industrielle et ont réalisé des avancées concrètes dans plusieurs secteurs industriels.
Désormais, la mission du département ministériel est d’amorcer une relance dans ce domaine, basée sur une vision à long terme. Pour sa part, la Banque d’Algérie (BA) s’est portée garante dans l’accompagnement des entreprises déficitaires. Dans un document officiel, la BA a fait savoir qu’elle a renouvelé son engagement s’agissant de l’accompagnement des entreprises dans cette période très difficile, et jusqu’au 30 juin 2021. Essentiellement, l’instruction n° 05-2020 du 6 avril 2020 a pour objet de préciser les mesures exceptionnelles portant allègement de certaines dispositions prudentielles applicables aux banques et établissements financiers en matière de liquidités, de fonds propres et de classement des créances, au regard de l’incidence de la pandémie de la Covid-19 qui affecte l’économie mondiale et l’ensemble des secteurs au niveau national. Les entreprises bénéficieront d’allègements applicables à la clientèle des banques. Il s’agit du report du paiement des tranches de crédits arrivant à échéance.
Implication du partenaire social
Dans le sillage des concertations menées par le ministre de l’Industrie, Mohamed Bacha a reçu, en début du mois courant, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Salim Labatcha, ainsi que les responsables de fédérations syndicales du secteur de l'Industrie affiliées à l'UGTA. La Fédération du textile, la Fédération des matériaux de construction, la Fédération des industries alimentaires et la Fédération de la mécanique et de l'électronique ont pris part à cette réunion qui s'est tenue au siège du ministère.
La réunion vise à « engager le dialogue entre le ministère de l'Industrie et le partenaire social afin de mettre en place un mécanisme permettant d'évaluer la situation des travailleurs des différentes entreprises industrielles et de les impliquer dans l'effort de la relance de l'industrie nationale ». Cette réunion est la première du genre à réunir M. Bacha avec la centrale syndicale, une réunion qui sera suivie par d'autres similaires qui permettront d'analyser la situation de chaque filière industrielle et les moyens de la soutenir et de l'accompagner pour améliorer la production nationale, développer les exportations et réduire les importations.