L’Algérie demeurera un Etat social, un leitmotiv tant ressassé ces dernières semaines et par le président Abdelmadjid Tebboune et par le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane. La démarche consistant en la suppression progressive des subventions directes de l’État sur les produits de première nécessité, bien qu'elle soit, a priori, très complexe, voire périlleuse, ne semble nullement ébranler les pouvoirs publics dans leur politique volontariste de correction des inégalités sociales. Du reste, c’est tout l’enjeu de la réussite ou de l’échec de l’un des engagements de campagne du président de la République. Cela étant dit, il reste à savoir si les mesures envisagées dans ce sens auront vraiment une influence positive sur le pouvoir d’achat des classes ciblées.
D’ailleurs, la pertinente question qui va s’imposer d’elle-même au moment du passage à l’acte demeure celle de la marge de manoeuvre des responsables face à des éléments de terrain loin d’être maîtrisés, à l’image du phénomène de l’informel conjugué à la non-fiabilité des données fiscales de nombreux citoyens, lesquels éléments vont certainement « brouiller les cartes » des intervenants dans l’opération de ciblage des catégories des ménages souvent dans le besoin.
En attendant, le gouvernement « marche sur des oeufs » mais croit dur comme fer que le dispositif national de compensation monétaire au profit des ménages sera concrétisé à travers un programme de transfert monétaire direct au profit des ménages qui y sont éligibles. « Les modalités d'application seront fixées par voie réglementaire, notamment la liste des produits subventionnés concernés par la révision des prix, les catégories de ménages ciblés, les critères d'éligibilité à cette compensation et les modalités de transfert monétaire », indique dans ce cas le PLF 2022.
Au plan budgétaire, ce dispositif permet également de « maîtriser les crédits mobilisés annuellement au titre des différentes formes de subventions et de compensation (farine, semoule, pain, lait, huile, électricité, gaz, eau) et de participer à la réduction des phénomènes de gaspillage et de surconsommation qui se répercutent sur l'augmentation des dépenses publiques en la matière et qui pèsent lourdement sur le budget de l'Etat ».
L’important dans cette histoire de levée des subventions est que cette réforme se fasse en toute équanimité et sans grand encombre et que son impact sur la classe moyenne soit positif. Dans le cas contraire, c’est tout un pan de la population algérienne qui va subir malheureusement les conséquences.