A peine rentré en Algérie après son séjour médical passé en Allemagne, le président de la R é p u b l i q u e , Abdelmadjid Tebboune, a pris une ribambelle de décisions politiques, dont les plus importantes restent la dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN) et un remaniement partiel de la formation gouvernementale.
En quittant le tarmac de l’aéroport militaire de Boufarik, le 10 janvier dernier, Abdelmadjid Tebboune n’a pas été tendre avec le gouvernement, dont il a critiqué l’action. Le 21 février dernier, le chef de l’État annonçait la fin du gouvernement Djerad II. Mais le casting opéré laisse les Algériens sur leur faim, au vu des spéculations qui ont animé le débat public durant plusieurs semaines.
Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, est reconduit, et avec lui plusieurs membres de son gouvernement, à l’exception de six départements qui ont changé de patrons : l’Industrie, l’Energie, le Tourisme, l’Environnement, les Ressources en eau et le Transport. A noter également la création d’un nouveau portefeuille, en l’occurrence celui de la Numérisation et des Statistiques.
Exit Ferhat Aït Ali et Abdelmadjid Attar, deux des personnalités majeures de l’ancien gouvernement, respectivement ex-ministres de l’Industrie et de l’Energie. En parallèle, le président a choisi de mettre fin au mandat de l’APN, tel qu’il l’avait annoncé à plusieurs reprises, pour défricher le terrain à des élections législatives anticipées.
Et l’économie dans tout ça ?
Le début de l’année 2021 a été marqué par le regain de confiance dans le secteur des hydrocarbures, suite à la hausse sensible que connaissent les cours du pétrole, actuellement. En effet, le Brent a dépassé, à deux reprises, les 70 dollars, un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis plus d’une année.
L’Algérie respire... mais pour combien de temps encore ? Pris en étau entre l’inflation galopante et la dépréciation monétaire, les Algériens, qui ne savent plus où donner de la tête, espéraient d’autres ajustements économiques, susceptibles de soutenir le pouvoir d’achat et la relance de l’emploi, surtout en cette période de disette. Les entreprises, quant à elles, suffoquent sous le poids du besoin en fonds de roulement, d’une part, et du manque de plans de charge, d’autre part. Inutile de le répéter, la Covid-19 a changé la donne de la feuille de route économique et industrielle du pays pour la période 2020-2021. Aussi bien le secteur privé que public se débattent au quotidien pour trouver des marchés et relancer la machine. Les professions libérales, qui ont pu bénéficier de la levée des restrictions imposées par le confinement, ont pu reprendre du poil de la bête. Mais plusieurs experts estiment qu’il faudra songer à soutenir financièrement un certain nombre de PME qui risquent de mettre la clé sous le paillasson si l’État ne leur tend pas la main. C’est le cas de Abdelouahab Ziani, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), qui déclare que plus de 40% des entreprises nationales risquent de disparaître si des aides ne leur sont pas accordées.
Selon Ziani, les entreprises du secteur du BTPH demeurent parmi les plus touchées par les conséquences de la crise sanitaire. « Si l’on perd des entreprises créées récemment, il sera difficile de les remplacer du jour au lendemain », s’alarme-t-il (Liberté).
La Cipa propose de venir en aide aux entreprises en difficultés, en engageant des démarches auprès des banques publiques, afin de trouver des solutions à leurs problèmes de trésorerie.
D’après la même source, le CPA (Crédit populaire algérien), la BEA (Banque extérieure d’Algérie) et la BADR (Banque de l’agriculture et du développement rural) se tiennent prêts à aider ces PME financièrement, afin qu’elles puissent sortir du marasme économique et relancer leurs activités respectives. C’est dans cette optique d’« effort national commun » que d’autres experts invitent les pouvoirs publics à réfléchir à un plan d’urgence en faveur des entreprises, afin de les aider à surpasser cette période de crise, en enregistrant le moins de dégâts possible. Dans un autre registre, et au moment où la possibilité de recourir à l’endettement extérieur a été écartée par le chef de l’État, la crainte que le manque de ressources financières diminue le niveau des investissements de l’État, tous azimuts, se fait sentir chez bon nombre d’industriels dont le carnet de commandes dépend de la commande publique.
Enfin, et sur le plan législatif, le timing de la dissolution de l’APN laisse présager un ralentissement dans la promulgation de certains textes de lois relatifs à l’activité économique du pays, qui doivent passer l’épreuve du débat parlementaire, à l’instar de la loi sur les hydrocarbures.