Installée en octobre dernier en tant que présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni a réservé une place privilégiée pour l’Algérie dans le domaine des relations économiques et commerciales. Son dernier déplacement à Alger en janvier 2023 est, en fait, une traduction fidèle d’une volonté de renforcer le partenariat bilatéral avec l’Algérie, notamment en ce qui concerne le secteur de l’énergie. Mais pas que ! La lune de miel entre Alger et Rome n’est nullement près de s’achever, en témoigne le ballet ininterrompu et des officiels et des hommes d’affaires des deux pays depuis quelques années. Du reste, c’est la troisième visite d'un Premier ministre italien en Algérie en l'espace d'une année.
Des relations bilatérales qui ne souffrent d’aucune ambiguïté
La redynamisation de l’action de la « diplomatie économique » dans le sillage du nouveau soft power des autorités algériennes a permis de donner une véritable impulsion aux relations économiques au niveau international. Aussi, le travail de suivi et de renseignement sur les politiques économiques dans les pays tiers ainsi que l’identification des meilleurs moyens de les influencer ont grandement contribué à l’actualisation des anciennes stratégies de la politique algérienne en matière de relations économiques. Il s’agissait de soutenir les entreprises présentes sur les marchés extérieurs, d’attirer vers le pays des investissements étrangers créateurs d’emplois et de mieux adapter le cadre de régulation international aux intérêts économiques défensifs et offensifs du pays. Dans le cas des rapports politiques économiques entre l’Algérie et l’Italie, force est de constater qu’ils sont hautement stratégiques et remontent à plusieurs décennies. <pAujourd’hui, pour mieux comprendre ce « mariage de raison » entre les deux partenaires, il convient de revenir aux dernières années qui ont caractérisé la qualité de ces relations, qui d’ailleurs ne souffrent d’aucune ambiguïté. « Les relations entre l'Algérie et l'Italie ont une dimension historique profonde, renforcée et enrichie par les rapports humains qui sont de plus en plus profonds et denses. La sympathie et le respect mutuel sont les bases de la relation qui lie les deux Gouvernements, qui se manifestent sur plusieurs plans : politique, économique, culturel et artistique », dixit l’ancien président du Conseil des ministres italien Mario Monti - Alger 2012. Depuis, beaucoup de progrès ont été enregistrés dans l’édification d’une véritable alliance confirmant par là l’engagement des deux pays d’aller de l'avant pour le développement de la coopération dans divers secteurs.
Un "lien organique" entre les deux pays dans le domaine énergétique
Echanges de visites entre les hauts responsables, organisation de forums d'affaires et d'investissements, foisonnement d’accords commerciaux et de mémorandums, etc. tels sont les quelques signes d’une nouvelle ère très prometteuse dans le partenariat algero-italien sous une approche multidimensionnelle. Il va sans dire que tout est fait pour élargir et approfondir davantage les liens dans différents secteurs, notamment dans l’énergie où de grandes avancées ont été réalisées particulièrement ces derniers mois. A la faveur de la rencontre, en mai 2022, entre les présidents algérien, Abdelmadjid Tebboune, et italien, Sergio Matarrela, et l’ancien président du Conseil des ministres d'Italie, Mario Draghi, le partenariat énergétique entre les deux pays a été scellé. Mettant en avant « l'amitié solide et ancienne entre l'Algérie et l'Italie », le président de la République a souligné sa détermination à « préserver cette amitié par tous les moyens, outre la coopération énergétique ».
Le chef de l'Etat, qui a relevé l'existence d'un « lien organique » entre les deux pays dans le domaine énergétique, a fait part de l'éventualité de développer cette coopération en menant une exploration commune entre les sociétés Sonatrach et ENI. « Tout surplus dans la production devant être orienté, en fonction de la demande, vers l'Italie, pays ami qui pourra devenir distributeur pour l'Europe », a-t-il dit. Par ailleurs, le nouveau projet de gazoduc entre l'Algérie et l'Italie revêtait « une importance extrême » et « sera réalisé en peu de temps » pour permettre à l'Algérie d'exporter outre le gaz, l'électricité, l'ammoniac et l'hydrogène. De plus, une proposition de réalisation d'un câble sous-marin entre l'Algérie et l'Italie suit son petit bonhomme de chemin, via lequel l'approvisionnement en énergie électrique sera destiné vers l'Italie et pourra même s'étendre vers une partie de l'Europe.
Concernant les énergies renouvelables, le chef de l'Etat a annoncé le lancement par les deux pays de la production de panneaux solaires dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès et d'autres produits par deux sociétés algérienne et italienne. Faisant part « d'une volonté commune des deux pays de produire de l'hydrogène vert et l'exporter vers l'Italie », le président Tebboune a indiqué que « les perspectives sont ouvertes pour les start-up (algériennes) qui peuvent bénéficier de l'expérience italienne et collaborer avec leurs homologues italiennes dans le domaine de l'industrie ». Après le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, notre pays s’est constitué premier fournisseur de gaz naturel de l'Italie, alors que les approvisionnements en cette énergie étaient, il y a seulement deux ans environ, de l'ordre de 21 milliards de mètres cubes, celles-ci atteindront 28 milliards de mètres cubes en 2024 et plus en 2025.