La composition du « nouveau gouvernement » issu des législatives du 12 juin dernier reste l’inconnue de l’équation politique en Algérie. Si la Constitution stipule clairement que la composition du gouvernement dépend de la configuration de la majorité parlementaire, les résultats obtenus lors du scrutin risquent de compliquer sa formation.
Places aux alliances de « sang et d’intérêt » !
En l’absence de majorité absolue, les partis politiques et les indépendants sont, donc, dans l’obligation de former des alliances de « sang » pour les uns et d’« intérêts » pour les autres afin de peser sur l’échiquier politique. Pour l’instant, les indépendants qui ont été majoritaires dans les listes de candidatures peuvent devenir la première force politique à l’Assemblée nationale, mais sans effet, en raison de leurs divergences idéologiques et politiques.
Faute d’un projet politique commun et de vision stratégique pour rehausser la barre, les nouveaux élus à l’Assemblée seront-ils capables de peser sur la configuration de la nouvelle composition du nouveau gouvernement promis par Abdelmadjid Tebboune conformément à la Constitution ? En effet, dans le cas actuel, le gouvernement Djerad n’est pas sérieusement menacé dans sa survie, mais reste dépendant de la capacité des indépendants à se mobiliser. Après une carrière dans des partis de l’Alliance présidentielle sous Bouteflika, des anciens cadres du FLN, RND et TAJ ont préféré entrer à la bataille des législatives en solo, sous la couverture de « candidats indépendants », ce qui laisse dire que leur retour au « bercail » n’est pas à écarter, comme cela s’est fait durant les précédentes échéances électorales. Il est également question d’une possibilité « d’alliance idéologique » dans les milieux islamistes, dont une éventuelle coalition perturbera les cartes du gouvernement Djerad qui espère le maintien. Car dans le cas d’une alliance islamiste forte à l’Assemblée, ces derniers auront la possibilité d’imposer un nouveau « plan d’action », notamment dans son volet économique.
Les anciens nouveaux défis !
Le nouveau gouvernement, en dehors de sa composition, est dans l’obligation de répondre aux aspirations des citoyens en matière de développement. Face à cette obligation, le nouveau staff gouvernemental n’a aucune autre alternative que celle de retrousser les manches pour traduire les promesses électorales en réalité. La mission ne sera pas si aisée et un éventuel dérapage sera crucial pour sa pérennité. La rentrée sociale de septembre prochain sera un rendez-vous crucial pour lui. Car il s’agit d’un premier test politique et économique pour ses membres.
Outre la rentrée sociale de septembre qui s’annonce très chaude en raison de l’amoncellement de crises, le nouveau gouvernement est appelé à répondre aux aspirations des populations des wilayas nouvellement créées et la prise en charge des dossiers brûlants comme ceux de l’emploi et de la santé dans les wilayas concernées, la gestion des zones d’ombre et le plus important encore est celui de repenser la politique économique du pays dont la situation frôle le chaos.
Enfin, peu importe l’orientation politique et idéologique du nouveau staff gouvernemental, les Algériens savent très bien que ce n’est pas par une simple reconfiguration de l’équipe du gouvernement que la situation va s’améliorer. D’ailleurs, ces élections n’ont pas suscité l’engouement attendu chez les citoyens, comme le reflète si bien le taux de participation qui ne dépasse pas les 30%. De ce fait, en dehors de ces politiques de replâtrage, il est nécessaire de changer de vision et de stratégie pour former un gouvernement de « compétences nationales » qui aura pour mission de réduire le fossé qui sépare le peuple et le politique. Une première étape pour réussir toute réforme sérieuse et entamer l’édifice du pays.