Le nouveau gouvernement ne sera pas confronté aux problématiques habituelles des rentrées précédentes. La rentrée sociale de cette année intervient dans un contexte très particulier, marqué par l’accumulation des crises. Désormais, l’embouteillage, ce problème sempiternel qui caractérise les rues des grandes villes du pays chaque mois de septembre de l’année, touchera cette fois-ci les couloirs des départements ministériels, dont les premiers responsables tenteront de franchir le test de la rentrée, amortir le choc de la crise sanitaire et réussir la relance économique.
Après un ralentissement de la cadence des réformes dû aux crises politique et sanitaire qui secouent le pays depuis près de deux ans, le train des réformes s’apprête à être lancé dans les prochains jours. Plusieurs textes de lois, et pas des moindres, sont déjà en gestation, mais il va falloir faire des choix : prioriser les réformes. En effet, le gouvernement d’Aymen Benabderrahmane a fixé les objectifs à atteindre dans son Plan d’action adopté lors de la réunion du Conseil des ministres début du mois courant.
Parmi les défis à relever figurent : la modernisation du système bancaire, la réforme du secteur public marchand et la gouvernance des entreprises publiques et l’attractivité du climat d’investissement considérés comme des leviers de la relance économique.
La mission s’annonce, donc, difficile et les pluies de réformes de cet automne risquent d’inonder le Palais du gouvernement et emporter avec elles des ministres incapables de trouver des solutions aux problèmes qui minent leurs secteurs. A vrai dire, le mois de septembre de cette année est déjà très chargé pour les membres de l’Exécutif appelés à franchir le premier test, en marquant une belle entame lors de cette rentrée politique.
La situation exige des efforts supplémentaires non seulement en matière de recherche de nouvelles ressources financières pour le financement des projets de développement, mais aussi du sérieux dans la gestion, le suivi et le contrôle d’un terrain miné par la corruption et la bureaucratie. Entre la santé, l’éducation et la relance économique, le gouvernement de Benabderrahmane fait face à de sacrés défis à relever.
Dans un contexte marqué par une inflation galopante et une dégradation des conditions de vie des citoyens, le gouvernement s’apprête à relancer « la révision du système de subvention » et l’ouverture du capital des entreprises publiques aux investisseurs privés, deux sujets brûlants qui risquent de branler le front social en raison des conséquences drastiques que pourraient engendrer ces décisions sur le quotidien des citoyens. Une décision qui nous renvoie à une vingtaine d’années en arrière avec la politique de « privatisation sauvage » adoptée et appliquée par le gouvernement de Ahmed Ouyahia sous la pression du Fonds monétaire international en 1996. 25 ans après, le même scénario, dont les conséquences sont encore plus graves, risque de se reproduire en ces temps de recherche de stabilité sur tous les fronts. Le gouvernement de Benabderrahmane se retrouvera, donc, face à la gestion de la colère des travailleurs en particulier au lieu de centrer son énergie sur la réforme et la relance de l’économie.
Enfin, les prochaines semaines s’annoncent compliquées pour l’Exécutif qui est à la fois appelé à mettre la base juridique à long terme et l’application des textes de lois sur le terrain, dans un contexte marqué par l’incertitude économique et politique. La mission reste difficile pour espérer un changement radical dans la gestion des affaires du pays. Pour redémarrer le logiciel économique du pays, le gouvernement est dans l’obligation de situer les priorités et pointer les problématiques importantes à résoudre. En cette période de déclin économique, il est très difficile de tabler sur la réussite de la campagne de vaccination contre la Covid-19 pour le redémarrage de l’activité économique et la mise en route des entreprises fortement impactées par les mesures de confinement.