La crise sanitaire qui a touché le pays a démontré la vulnérabilité du tissu économique national, et du coup, gouvernement et opérateurs économiques doivent tirer les enseignements de cette période des plus difficiles. Une période marquée par les pénuries, la réduction de l’activité pour certains et l’arrêt de travail pour les autres en raison des mesures de confinement instaurées par les hautes autorités de l’Etat dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie. Désormais, cette période fait déjà partie du passé, d’après les déclarations du Premier ministre qui prévoit un retour à la normale de la situation économique du pays dès le début de l’année prochaine.
Cependant, une question se pose : après une période hors normes qui s’achève, que nous cache l’économie en 2022 ?
La hausse de la croissance et un taux d’inflation qui se stabilise autour des 4,9%, laisse entendre le Premier ministre devant la commission des finances à l’Assemblée nationale lors de la présentation de la Loi de finances 2022. En effet, les économistes se sont montrés relativement optimistes quant à la relance de l’économie nationale après une période de stagnation. Ils évoquent une éventuelle reprise à la hauteur des aspirations du gouvernement et celles des opérateurs économiques. Selon ces derniers, le retour à la normale de l’activité économique durant l’année prochaine se fera progressivement, et le taux de la croissance économique devra retrouver le niveau qu’il avait avant la pandémie.
En fait, l’Etat table sur la redynamisation de l’activité économique du pays durant l’année prochaine pour équilibrer la balance commerciale. Pour l’instant, deux secteurs stratégiques, à savoir l’agriculture et les hydrocarbures, affichent de belles formes en cette fin d’année en cours. En attendant la reprise effective de l’activité durant les mois à venir, notamment avec les signaux positifs d’un retour en force de l’activité au niveau international, marquée par un rebond des prix du pétrole et le retour de l’activité commerciale avec l’ouverture des frontières et la levée des mesures de confinement dans plusieurs pays.
En effet, si les responsables de l’Etat affirment que l’année 2022 sera celle du retour de la production, la Banque mondiale dans son rapport du mois d’octobre dernier prévoit « une reprise fragile dans les secteurs hors hydrocarbures et un fort rebond dans le secteur des hydrocarbures ». Cette reprise fragile s’explique, selon la Banque mondiale, par « la détérioration de l’emploi et des revenus fermes ce qui limitera la consommation et l’investissement privé, tandis que l’espace budgétaire limité limitera l’investissement public. » Ce qui laisse entendre qu’en dehors du secteur des hydrocarbures, la relance économique et l’augmentation du PIB ne seront pas une tâche aussi facile à réaliser dans un climat d’incertitude.
Après plusieurs mois de la levée des mesures de confinement, la production nationale en dehors des hydrocarbures n’a pas réalisé d’importants rebonds, comme l’indiquent les prévisions du gouvernement pour la clôture de l’année financière en cours. A l’exception de l’agriculture, la contribution des autres secteurs au PIB reste timide. Compte tenu de la faiblesse de la production nationale dans certaines filières, le gouvernement a établi une longue liste de produits interdits à l’importation, ce qui constitue une entrave majeure à l’activité économique, notamment pour les filières dont la production dépend essentiellement de l’importation de la matière première. Autrement dit, les acteurs économiques activant dans le secteur industriel sont devant une situation des plus compliquées, ce qui rend leur tâche encore plus difficile en ces temps de relance économique.
Enfin, si on se réfère aux déclarations des politiques et des chefs d’entreprise, ces derniers affirment avoir tiré des enseignements de la crise sanitaire et comptent retrousser les manches pour entamer une nouvelle période. Le pari pour la nouvelle année est, donc, celui de rehausser la production nationale et d’augmenter son apport au PIB.