Aquelques encablures du mois de Ramadan 2022, le traditionnel débat est relancé par l’opinion publique concernant l’évolution des prix des denrées alimentaires et même des vêtements ; des questions qui taraudent l’esprit d’une grande majorité de chefs de ménage.
Ainsi, malgré l'accélération de la cadence des préparatifs du mois de Ramadan tels que les réunions entre tous les acteurs de la sphère commerciale, il reste à savoir si cela va effectivement assurer un approvisionnement régulier des marchés en produits de large consommation et à des prix abordables pour toutes les bourses ?
La phobie de la flambée de la mercuriale
Comme tout le monde le sait, le mois de Ramadan, 9e mois du calendrier de l’Hégire, est assurément une période sacrée de l’année musulmane. Mois de jeûne et de prières, il peut se traduire par un changement assez fort du rythme de l’activité des personnes. Force est de constater que les effets du Ramadhan sur les prix à la consommation sont aussi statistiquement réels et plus importants. Ils se concentrent dans quelques secteurs : les produits alimentaires, l’habillement, quelques postes de l’aménagement de la maison et la restauration. Leur impact en termes réels peuvent être, cependant, relativement élevés : le mois de Ramadhan serait ainsi à l’origine d’une hausse pouvant atteindre au moins 10% des prix de certains produits alimentaires en Algérie.
Ces évolutions sont dues à la dynamique de la demande alimentaire des ménages liée aux pratiques culturelles qui se traduisent aussi par la dynamique de l’inflation mais aussi par le fléau de la spéculation encouragé par la défaillance du dispositif des services de contrôle. Cependant, dans le volet des préparatifs du mois de Ramadhan, le ministère du Commerce s’active ces dernières semaines à mettre au point une série d’actions visant à maîtriser le marché et partant à faire face à tout imprévu. Pour cela, des mesures visant à maîtriser le dispositif d’approvisionnement des marchés nationaux en produits alimentaires de première nécessité, durant le mois de Ramadhan sont actuellement suivies de très près par les responsables des ministères directement impliqués, à savoir celui du Commerce et de l’Agriculture et ce, dans le but d’annihiler les éventuelles tentatives de hausse illicite des prix. Dans ce sens, il s’avère que l’expérience écoulée s’agissant de l’ouverture des points de vente directe au consommateur sera renouvelée en 2022.
Pour ce faire, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a appelé récemment les directeurs régionaux du secteur à coordonner leurs efforts avec les différents partenaires pour l'ouverture des marchés de proximité en prévision du mois de Ramadhan en vue d'assurer l'approvisionnement en produits de large consommation. Le ministre a donné ses directives lors d'une réunion de coordination qu'il a présidée par visioconférence, en présence des cadres de l'administration centrale, avec les directeurs régionaux et de wilaya du secteur pour « faire le point de la mise en oeuvre des instructions relatives à l'ouverture des marchés de proximité en prévision du mois de Ramadhan », a indiqué un communiqué du ministère. A cette occasion, M. Rezig a tenu à mettre l’accent sur la nécessité de coordonner les efforts avec les autorités locales et d'associer les producteurs, les commerçants et les partenaires du secteur pour mener à bien l'opération et assurer l'approvisionnement des marchés en produits de large consommation à des prix concurrentiels. Le ministre a également appelé les directeurs à suivre sur le terrain la commercialisation et la distribution de certains produits à partir de leur lieu de collecte afin de barrer la route aux tentatives de monopole ou de spéculation.
Des avant-goûts pas très rassurants concernant les fruits et légumes
Hormis la stabilité des prix des viandes rouges qui reste plus ou moins assurée durant tous les mois de l’année, le risque d’une augmentation des prix viendra du côté des viandes blanches malgré les assurances du premier responsable de l’Office national des aliments du bétail (Onab). En effet, Hassan Benzaza a précisé que l’Office avait tracé, conformément aux instructions du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, un programme pour produire plus de 7.800 tonnes de poulets au niveau de 3 groupes, comprenant chacun 60 unités de production à travers le pays, tandis que la quantité restante de poulet serait acquise auprès des opérateurs privés.
Dans ce cadre, l’Onab a pris des mesures pour céder les poussins aux éleveurs au prix de 80 DA, contre 160 DA sur le marché et ce, dans le but de maîtriser les prix du produit final du poulet et de l’acheter auprès des éleveurs à 240 DA hors taxes, a expliqué le même responsable. L’opération a permis la production de 400.000 poussins, en coordination avec le Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (Cnifa), a expliqué M. Benzaza, assurant que « le plan de production va bon train, et le plan de production spécial Ramadhan est mis en oeuvre sans aucun problème ». En préparation du mois sacré, 6 nouveaux points de vente ont été ouverts, dont 2 à Alger, 2 à Mostaganem, 2 dans l’est du pays, outre 13 points de vente dans le cadre des marchés la Rahma, a-t-il indiqué, faisant remarquer que le nombre de points de vente disponibles est passé, depuis 2021, de 63 à 82 au niveau national.
Quant à la question des prix, cette fois c’est Moumen Kali, président du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (Cnifa), qui s’est engagé à ce que les prix soient compris entre 360 et 380 dinars le kilogramme ce qui épargnera le marché d’une hypothétique pénurie. S’agissant des fruits et légumes, il est désolant de constater que toutes les mesures prises par les pouvoirs publics à même de stabiliser les prix de certains produits agricoles se sont avérées sans effet. Au grand dam des responsables, les prix continuent de prendre l'ascenseur, et apparemment rien n’indique que la situation va se normaliser à quelques semaines du mois sacré.
C’est le cas de le dire concernant la pomme de terre, par exemple, dont le prix n’a pas cessé de connaître des hausses et ce, depuis plusieurs mois, atteignant des pics de 150 DA le kg au niveau de certains marchés. Idem pour la tomate, indispensable pour la fameuse Chorba ou Harira qui a dépassé ces jours-ci les 100 DA le kg, alors que pour les autres légumes, la tendance haussière des prix reste de mise. Pour les fruits, notamment les dattes qui sont très prisées pendant le mois de Ramadhan, elles se vendent 500 DA le kg pour la qualité moyenne, étant donné que la catégorie de choix n’existe pas dans notre pays tous produits agricoles confondus.