Quel monde post-coronavirus ? De nombreux gouvernements espèrent un retour à la vie normale avec la disparition de la Covid-19, après quelques mois du lancement des campagnes de vaccination, mais ce n’est pas le cas pour le Fonds monétaire international qui met en garde contre une « explosion sociale » durant la période post-Covid.
Dans un rapport intitulé « The Social Impact of Pandemics » du mois de janvier de cette année, les chercheurs de l’Institution monétaire internationale, ayant basé leur analyse sur plus d’un million d’articles de journaux publiés depuis 1985 dans 130 pays, tirent la sonnette d’alarme.
Selon ce rapport « les pandémies créent un cercle vicieux dans lequel le ralentissement de la croissance, l’augmentation des inégalités et la montée des troubles sociaux se renforcent mutuellement », notent les experts du FMI. Ces derniers ont montré, dans ce rapport, comment « le risque d’émeutes et de manifestations contre le gouvernement augmente » en se basant sur des faits historiques. Selon le rapport en question, « le risque de crises politiques graves (événements pouvant faire tomber des gouvernements), qui surviennent généralement dans les deux années suivant une épidémie majeure, augmente », résument l’Institution multilatérale basée à Washington. Pour appuyer leur thèse, les chercheurs du FMI ont fait un long voyage dans le passé pour prévenir des risques majeurs qui suivent les pandémies.
Ils constatent que « de la peste de Justinien au VIe siècle à la grippe espagnole de 1918, en passant par la peste noire du XIVe siècle, l’Histoire est jonchée d’exemples d’épidémies qui ont de fortes répercussions sociales : elles transforment la politique, bouleversent l’ordre social et provoquent des débordements sociaux », affirment les chercheurs de l’Institution monétaire internationale, Philip Barrett et Sophia Chen dans leur rapport. « Les épidémies graves qui entraînent une mortalité élevée augmentent le risque d’émeutes et de manifestations anti-gouvernementales », expliquent-ils. Les « événements pandémiques génèrent un risque nettement plus élevé de troubles civils ».
Les techniciens relatent des cas de débordements sociaux à 11.000 événements différents qui se sont produits depuis les années 1980. Il s’agit, notamment, des catastrophes naturelles telles que les inondations, les tremblements de terre ou les ouragans, ainsi que les épidémies.
Le rapport conclut que « l’agitation sociale était forte avant la pandémie et modérée pendant la pandémie, mais si l’on se fie à l’Histoire, il est raisonnable de s’attendre à ce que lorsque la pandémie s’atténue, des explosions sociales réapparaissent ».
Pour rappel, dans ses prévisions pour l’année 2021, le Fonds monétaire prévoit une récession aussi bien pour l’Union européenne que pour la Chine, les États-Unis ou encore l’Afrique subsaharienne et l’Amérique latine. Entreprises endettées, suppressions d’emplois, pauvreté…, des conséquences de la crise sanitaire qui ne seront pas, selon les experts du FMI, sans effets sur le plan social.