La responsabilité environnementale des pays africains est un sujet qui est remis au goût du jour face aux défis actuels. En tout cas, les participants à la 8e session du forum régional africain sur les objectifs de développement durable (ARFSD), qui s’est déroulée à Kigali du 3 au 5 mars dernier, ont eu le mérite de débattre de cette importante thématique afin de répondre d’une manière appropriée et innovante aux enjeux environnementaux d’une Afrique au sortir de la crise internationale de la pandémie de Covid-19. Du coup, « construire un avenir meilleur : une Afrique verte, inclusive, résiliente et prête à réaliser l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 » sont autant d’objectifs qui sont vraisemblablement dans les cordes des responsables des pays africains.
La Déclaration de Kigali, une référence en matière de développement durable
Ainsi, la grand-messe des acteurs du développement durable est tombée à point nommé alors que de nombreux pays du continent ont déjà engagé leur propre stratégie de relance verte post-Covid-19. A la faveur de l’adoption de la Déclaration de Kigali sur les bonnes pratiques et les solutions visant à renforcer la mise en oeuvre des Objectifs de développement durable en Afrique, la voie est tracée pour l'accomplissement de nouvelles avancées. Adoptée par les 54 États membres présents, le document encourage les pays africains à entreprendre une collaboration mutuellement bénéfique pour le développement durable et la reprise post-Covid-19. Par ailleurs, les principaux objectifs du forum de cette année ont concerné une évaluation approfondie de la mise en oeuvre de cinq des 17 ODD, à savoir une éducation de qualité (ODD 4), l'égalité des sexes (ODD 5), la vie sous l'eau (ODD 14), la vie sur terre (ODD 15) et les partenariats pour les objectifs (ODD 17). Qui plus est, il s’agit d’exploiter à bon escient les solutions innovantes, notamment par le truchement de partenariats soutenus avec les pouvoirs publics, le secteur privé, le monde universitaire, les associations écologiques, dans le but d’assurer des progrès concernant les cinq ODD qui ont fait l’objet de débats de haute qualité à l'occasion de la 8e session du Forum de Kigali.
Des entreprises algériennes à l’avant-garde de la mise en oeuvre des ODD
Le rôle de l’économie verte dans le processus de développement durable est mis en avant dans la stratégie de l’Etat algérien pour la transition écologique. Un axe indissociable de la nouvelle vision économique du pays qui accorde une importance première au volet du recyclage, en tant qu’enjeu principal, et comme mécanisme de création d’emplois et de richesses, mais aussi de préservation de l’environnement et des ressources naturelles. En effet, des entreprises se sont impliquées résolument dans l’économie circulaire, du coup, elles sont considérées comme pionnières tout en se positionnant comme figure d’exemple. C’est le cas de le dire s’agissant du cimentier Lafarge Algérie et du groupe de métallurgie Tosyali.
Trois récents accords de partenariats inédits ont été scellés entre les deux entreprises, d'une part, et l’université d’Aïn-Témouchent, d’autre part. Ce nouveau genre de partenariat témoigne de la volonté manifeste des trois parties de faire de la valorisation des déchets industriels et leur réutilisation dans l'industrie de la production des matériaux de construction, notamment le ciment, une réalité sur le terrain. En effet, le premier accord vise la récupération des déchets industriels métalliques de l'usine du groupe Tosyali, particulièrement les déchets ferreux issus des carrières, dans la fabrication du ciment au niveau de l'usine d'Oggaz, sise dans la wilaya de Mascara, comme substitut aux métaux ferreux extraits des carrières, une matière non renouvelable et rare au niveau national. Ainsi, nous nous sommes intéressés de très près à cette importante réalisation qui est le résultat d’un travail de recherche qui a duré plusieurs mois sur le terrain malgré des conditions difficiles liées à la pandémie de Covid-19. Selon un responsables du cimentier Lafarge Algérie, « le but final de cette opération demeure la protection de l'environnement en se débarrassant de manière intelligente des déchets industriels et de remplacer les ressources naturelles par les déchets industriels aptes à l'utilisation à travers leur recyclage ». Il a également relevé que « l'entreprise Lafarge, qui traite de manière responsable les questions environnementales, a réalisé une station de traitement des déchets industriels au niveau de la cimenterie de Oggaz, avec un investissement à 6 millions d'euros pour traiter environ 2 tonnes par jour de déchets industriels destinés à être réutilisés dans l'industrie cimentière et la production d'énergie comme alternative partielle au gaz naturel ».
Pour sa part, le directeur général du groupe Tosyali, Ibrahim Alciboga, a indiqué que le complexe qu'il supervise « accorde une grande importance à la préservation de l'environnement, au recyclage des déchets et à la réduction des émissions, ainsi qu'à la coopération dans ce domaine avec différents partenaires économiques et administratifs, dont la cimenterie Lafarge, ce qui permet de conclure un accord de partenariat et de coopérer avec lui, en transformant les déchets en une matière première à valeur ajoutée qui contribue à valoriser les déchets et à préserver l'environnement et les ressources naturelles non renouvelables ». Sur un autre chapitre, la valorisation des résultats de la recherche scientifique est l’autre voie que tentent d’exploiter les responsables de Lafarge Algérie en faisant d’une pierre deux coups. Premièrement, c’est une très bonne solution innovante et par là-même une alternative à l'épineux et récurrent problème de l'envasement dont souffre la plupart des barrages algériens dont certains sont même envasés à 100%, et deuxièmement, préserver les capacités de stockage des barrages existants pour la récupération des volumes utiles de stockage des barrages perdus par envasement.
De plus, Lafarge Algérie accompagnera ce projet pilote sur une période de cinq ans afin de suivre l'évolution de la biodiversité qui sera créée au niveau de la zone protégée. C'est dans cette optique que les responsables de la société ont entrepris cette démarche avec l’Université de Aïn- Témouchent et l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), afin de substituer l’argile qui est utilisée dans la production du ciment par les boues qui envahissent nos barrages.
In fine, cette louable initiative est appelée à servir de modèle qui doit être décupler à l’échelle nationale et pourquoi pas à travers les pays africains surtout après que la Déclaration de Kigali a accueilli avec satisfaction le lancement de l’Alliance des universités entrepreneuriales en Afrique et du Réseau africain de développement et de transfert de technologies, qui ont été créés pour faciliter le partage des données d’expérience et des meilleures pratiques entre les établissements universitaires et les instituts de recherche du continent. Certainement, ce type d'investissement va aider tous les pays à traverser cette période post- Covid-19 et à en sortir plus forts que jamais. Un sacré challenge africain !