La lutte contre la pandémie de coronavirus Covid-19 s’est traduite par plusieurs mesures prises par les autorités afin de limiter au maximum la contagion. Le confinement et la suspension de plusieurs services publics auraient été les plus importants d’entre ces mesures, ainsi que la fermeture de plusieurs établissements et commerces dont les activités sont susceptibles d’enregistrer des regroupements de personnes, ainsi que la mise en congé rémunéré d’un très grand nombre de travailleurs, soit plus de 50%, suivant le décret exécutif n°20-69 du 21 mars 2020 en relation avec les mesures de prévention et de lutte contre la propagation du virus Covid-19.
Si ces mesures ont été accueillies à bras ouverts par la population, du fait du sentiment de sécurité qu’elles procurent, l’unanimité est loin d’être atteinte. En effet, un grand nombre de personnes ne s’y retrouvent plus, non pas du fait d’une inconscience de la gravité de la situation ou d’une négligence caractérisée, mais bien parce que la situation et les conditions de vie pour eux ne s’y prêtent pas du tout. La raison est que la nature du travail que pratiquent les personnes appartenant à cette frange de la population ne dispose pas des critères qui leur permettent d’observer les mesures d’arrêt de travail pour une durée indéfinie.
Si un salarié au niveau d’une entreprise publique, par exemple, se trouve dans la meilleure des situations, c'est-à-dire soit à travailler dans des conditions plus ou moins sécurisées en matière de mesures d’hygiène et de distanciation sociale, ou bien chez lui avec un congé rémunéré, eh bien ce n’est pas le cas de tout le monde. Ce n’est pas le cas, par exemple, pour les petits métiers tels que les taxieurs, les transporteurs ou encore les autres métiers artisanaux tels que les coiffeurs, les miroitiers, les menuisiers bois et aluminium, tapissiers… Ceux-ci se trouvent sans revenus au même titre que les travailleurs à la journée qui se trouvent chaque mois à la limite de leurs rémunérations. Que dire alors dans une conjoncture où ils se retrouvent malgré eux sans revenu et, donc, sans ressources financières leur permettant d’assurer leurs besoins en denrées alimentaires, et rares, parmi eux, sont ceux qui arrivent à économiser de l’argent sur leurs revenus.
Des solutions urgentes s’imposent
Les mesures de confinement et de suspension de la plupart des activités ne comportent pas, finalement, que de bons côtés, mais a aussi de mauvais côtés, dont on peut citer au moins celui qui touche les postes précaires et des travaux à revenus réduits et à fréquence non régulière qui devrait être sérieusement réfléchi par les instances des pouvoirs publics compétentes, au risque de voir deux phénomènes surgir.
Le premier est en rapport avec la démobilisation des personnes depuis leurs métiers d’origine vers d’autres métiers, afin de maintenir un certain niveau de vie quotidien permettant de survivre et même pour des travaux moins gratifiants. Le deuxième n’est autre que le maintien de l’activité, y compris si cet agissement est en porte-à-faux avec la légalité, pour les mêmes raisons, ce qui est humainement compréhensible.
C’est pour ce type de motifs que les pouvoirs publics, suite à la décision de mise en confinement général, doivent penser dès maintenant aux modalités de compensation par lesquelles ils pourraient aider les petites bourses à résister face à la difficulté engendrée par le fléau du Covid-19.
Les caisses sociales à la rescousse ?
Si certains métiers sont soumis au régime de la cotisation sociale, il est utile de penser à un type de compensation sous forme de minirevenu régulier à montant réduit qui servira de secours. Les caisses sociales Cnas et Casnos peuvent bien participer à l’établissement des listes des personnes ouvrant droit à ce type de compensation et de proposer des mécanismes de compensation via leurs réseaux, particulièrement si l’on sait que la digitalisation au niveau de ces caisses d’assurances sociales est à un degré satisfaisant de couverture et de mise à jour des informations des adhérents. Seulement, si cette mesure est possible pour les salariés et les artisans qui versent leurs cotisations sociales au niveau des caisses d’assurances, cela n’est pas du tout le cas pour les autres métiers qui n’obéissent pas à ce régime. Donc, autant dire qu’ils se retrouvent être au chômage forcé. Les travailleurs non déclarés, les travailleurs à la tâche journalière précaire, les agents d’entretien qui ne relèvent pas d’entreprises… ne sont que quelques exemples de ce qui est connu, et ce n’est que la partie visible de l’iceberg de ce que vivent beaucoup de familles algériennes.
Bien que les pouvoirs publics aient pris un engagement pour débloquer des aides sociales sous forme d’indemnités, qui se basent essentiellement sur les demandes des personnes concernées et sur leurs déclarations, la problématique de la ruée sur les guichets de l’état civil pour bénéficier des primes, indemnités et autres aides sociales, avec le nombre de situations frauduleuses enregistrées à chaque fois, se pose avec acuité.
En l’absence d’une base de données et d’un fichier national, il sera à chaque fois nécessaire de faire recours à des enquêtes sociales afin de vérifier l’éligibilité de chaque demandeur, ce qui nous ramène, bien entendu, à la question de la digitalisation et du retard accusé par les pouvoirs publics dans ce domaine. Enfin, la question de la compensation des familles lésées par le confinement des suites de la pandémie de Covid-19 permet de penser à la remise en cause de tout un système qui touche à de nombreux domaines après plusieurs décennies d’une gestion qui laisse à désirer.
En attendant, c’est un réel effort que de gérer une telle situation par des mesures palliatives de contournement, mais le choix n’est pas permis.